Un triathlon longue distance ? Et pourquoi pas ! L’idée de se lancer dans le format XXL du triple effort s’est installée autour d’une bonne bière fraîche à El Nido aux Philippines… Pour clôturer notre année sabbatique, Thibaut nous a rejoint pour passer 2 semaines de l’autre côté du globe et plus on parlait Ironman, plus on avait envie de le faire ! On a d’ailleurs passé plusieurs petits déjeuners à bassiner Marianne avec la rigueur du plan d’entraînement nécessaire pour ce type de course… Pourquoi attendre une année de plus pour se lancer ce défi ? On en avait envie mais on a tout de même décidé de se laisser quelques mois d’entraînement avant de s’inscrire. On ne sait jamais… J’avais surtout besoin de me rassurer physiquement après une année à vadrouiller sans réel entraînement sportif… De retour en France, on s’est donc donné 4 mois pour se tester. J’avais réveillé la bête qui sommeille en Thibaut qui s’est entraîné avec un rythme d’acharné presque tous les jours : squash, escalade, fractionné, cross-fit, surf, sortie en montagne, vélo, natation… Au fur et à mesure de nos sorties, on a pris conscience de la violence de l’effort qu’il faudrait produire mais chaque sortie longue à vélo (entre 100 et 160 km) enchaînée par de la course à pied (10 à 25km) nous permettait également de dédramatiser. 21 km de course à pied ? Bon c’est déjà 50% d’un marathon… Chose assez rare pour nous, on a finalement réussi à s’entraîner « raisonnablement ». Bon, chaque veille de sortie, Thibaut venait à la maison pour boire des bières en discutant des heures à s’indigner de tous les déchets que la société produit et pour finalement dormir sur un tapis de sol… 
 
On a finalement décidé de suivre le choix du coeur et non celui de la raison en s’inscrivant à l’Alpsman. Un triathlon XXL (type Ironman) dans la superbe région d’Annecy. S’infliger ce type d’effort dans un cadre montagneux rend le défi à la fois plus excitant mais aussi étrangement plus divertissant avec un paysage à couper le souffle… Au programme 3,8 km dans le lac d’Annecy juste avant le lever de soleil, suivis de 183 km de vélo dans le massif des bauges avec 4300 mètres de dénivelé positif et pour « finir », un petit marathon au bord du lac ! Bref, que du bonheur en perspective…
 
4 mois d’entraînement plus tard, nous voilà à Annecy. On prend nos quartiers dans un camping juste à côté de la route principale (mauvaise idée…). Dernier nettoyage de nos vélos, vérification du matériel et c’est parti pour le briefing des « athlètes ». On découvre les 235 autres participants. Une drôle de population avec beaucoup de sportifs suréquipés avec les dernières tenues sportives du moment. Il y avait malgré tout une bonne atmosphère et plus de convivialité qu’un triathlon M ! On croise aussi beaucoup de novices comme nous qui ont choisi cette course pour se frotter au plaisir d’un premier triathlon longue distance. 

Jour J. Nous y voilà… Pas besoin d’attendre que le réveil sonne car forcément, on a presque pas dormi. Il est 3h15 quand on commence à s’activer dans notre hutte. On avale un bol de Tortelini et on part en direction du lac. Faux départ, on avait oublié nos chaussures de vélo ! Ca commence bien… Tout le monde embarque sur le bateau, le Libellule qui nous emmener au milieu du lac pour démarrer cette drôle de journée. L’ambiance est étrange avec un mix de visages tendus, de gens concentrés et d’inconsciences (pour certains comme nous). Les organisateurs n’ont rien trouvé de mieux que de mettre requiem for a dream en bande sonore… C’est donc dans une ambiance morbide qu’on se jette à l’eau en laissant nos supportrices de choc Marianne et Marlène à bord. C’est parti pour la première épreuve !!! On va enfin pouvoir découvrir ce pour quoi on s’est entraîné pendant 4 mois. Le cadre est magnifique avec le soleil qui se lève et éclaire les montagnes qui entourent le lac. Avec 235 participants, on n’est pas trop à l’étroit et ça ne cogne pas trop sur la nage. On se donne rendez-vous au parc à vélo. Impossible de se suivre pendant la nage ! Thibaut sortira finalement 10 minutes plus tôt en 1h10 ! Super performance.

Une fois changé et après une petite séance photo pour Thibaut qui m’attend, on enfourche nos vélos. On rêve encore de faire un temps acceptable en vélo pour pouvoir rêver d’être « top finisher ». Pour cela, il faut être avant 17h30 au km 25 de la course à pied. Ca nous laisse 12h. Le dénivelé nous ramène très rapidement à la réalité. Le premier défi, c’est de finir le vélo et avant la barrière temps… On commence directement par 30 km de montée pour rejoindre le Semnoz sur un fond de carte postale : le lac en arrière plan, la journée qui démarre, les nuages qui laissent la place au soleil ! La température monte progressivement et ça commence à bien chauffer. On s’arrête à tous les ravitaillements pour faire le plein d’énergie et s’hydrater correctement. Les quelques descentes sont grisantes et on envoie bien ! D’après ma montre, on a fait une pointe à 72,8 km/h… On s’est un peu calmé quand on a senti l’odeur de caoutchouc brûlé des freins dans la première descente. On avance lentement mais sûrement sur le parcours qui pique bien. La dernière côte du col des près est vraiment raide avec les 6 derniers km qui oscillent entre 8% et 10%…. On y doublera des participants à pied ou sous perfusion… On croise notre équipe de supporters : Marianne, Marlène, le frère de Thibaut et ses parents ! On ne s’y attend tellement pas qu’on ne les reconnait pas immédiatement. Ils nous retrouvent d’ailleurs au pied du col des près lors de la deuxième boucle. On sait ce qui nous attend et on n’est pas beau à voir… Ca spécule dans la voiture sur notre capacité à finir surtout en réalisant qu’il nous reste encore vraiment du chemin à parcourir avant de rejoindre le lac pour déposer les vélos. De notre côté, on ne s’autorise pas à penser plus loin que la prochaine montée sous peine de démotivation violente. Thibaut se refait une santé à l’avant dernier ravitaillement avec un régime pastèque et quartiers d’orange ! Tellement bénéfique qu’il en parlera beaucoup à vélo et à l’arrivée du vélo ce qui ne manquera pas d’inquiéter nos supporters. Qui parle d’orange et de pastèque après 183 km de vélo ?! Le chrono nous ramène à la réalité. Il nous reste encore 30 km à abattre et une petite heure avant d’être hors temps… Petit coup de stress et Thibaut relance le rythme dans les montées. Il faut dire que donner du rythme, c’est la spécialité de Thibaut… Une minute nous sépare mais on ne se voit plus avec les routes en lacets. Thibaut pense que je suis en train de craquer car on a évoqué à demi-mot le marathon et j’ai répondu que je ne voulais pas en entendre parler… Abandonner nous a traversé l’esprit mais on n’a pas laissé le doute s’installer trop longtemps ! Thibaut arrive à l’aire de transition en pensant que je suis loin derrière. Notre équipe de supporters s’inquiète et se demande si il va falloir venir me chercher… Que nenni ! J’arrive avec seulement une minute de retard sur Thibaut. Enlever les chaussures et descendre du vélo est un soulagement énorme ! Ca fait tellement de bien de marcher à ce moment précis. Sûrement parce que ça fait 10 heures qu’on transpire sur nos vélos.

On peut désormais se projeter sur la prochaine étape : le marathon… Bordel, il faut maintenant courir 42,195 km. Le parcours est constitué de 5 boucles qui longent partiellement le lac à St Jorioz. Ca nous permet de décomposer la course en 5 étapes. Décomposer par étape, c’est la clef de notre succès^^. On avance lentement mais sûrement en s’arrêtant aux ravitaillements pour continuer d’alimenter nos corps qui ingurgitent chaque aliment ou liquide qu’on leur donne… A la fin du second tour, Thibaut n’est vraiment pas bien. C’est inquiétant car habituellement, la course est son élément de prédilection. Petite chute d’énergie rapidement compensée grâce à une petite soupe de légume bien chaude. C’est reparti ! C’est à mon tour de craquer à l’arrivée du 3ème tour mais pas le temps de s’effondrer, il faut prendre les frontales et continuer sinon on ne repartira plus. On croise nos supporters aux ravitaillements et ça fait du bien de voir des visages connus qui nous encouragent et qui constatent qu’on ressemble de plus en plus à des zombies ! 4ème tour, on se bat contre un participant géant qui marche car il ne peut plus courir… C’est dire qu’on est rapide avec nos 8km/h de moyenne. A chaque fois qu’on marche, il nous rattrape. C’est un cauchemar mais ça rythme notre course et ça nous oblige à avancer. 5ème tour, il fait désormais totalement nuit et on avance avec nos frontales. Cette fois-ci, on peut chaleureusement remercier les bénévoles à chaque ravitaillement ou intersection car on n’y repassera plus et ça fait un bien fou ! On arrive même à finir avec un bon rythme le marathon pour marquer le coup et se faire plaisir encore un peu ! 17h37 après le départ, on vient de passer la ligne d’arrivée. 5h30 de course à pied… On retrouve tous nos supporters avec joie…Ca fait du bien quand ça se termine !

Enorme merci à tous nos supporters qui :
– n’ont pas beaucoup dormi,
– ont douté plus que nous surtout après nous avoir vu sur nos vélos en bas du col des près…
– qui nous ont reconnu malgré nos visages creusés sur le marathon,
– nous ont encouragé à chaque ravitaillement ! 
– qui nous ont apporté des pizzas à l’arrivée,
– qui ont ramené nos vélos le lendemain !
 
Maintenant, on peut le dire : Cap sur l’extrême atteint toujours ses objectifs !! 
 
Vivement le prochain défi !
 
En attendant, voici le résumé officiel de l’Alpsman 2017 :